Consell d'Europa

Discurs del M. I. Sr. Eric Jover Comas, ministre d’Educació i Ensenyament Superior a la conferència del Consell d’Europa organitzada per la presidència de Xipre del Comitè de Ministres (22 de març del 2017)

Madame la secrétaire générale adjointe, madame la directrice générale, cher Ministre Costas Kadis, chers collègues.

L’Europe connait une période pleine d’incertitudes. Entre d’autres, l’accueil de migrants, l’essor de mouvements politiques populistes et le fléau du terrorisme sont autant de défis auxquels il nous faut répondre. Je ne veux pas être naïf et penser que l’éducation est la panacée à toutes ces questions mais je suis convaincu qu’elle est l’un des meilleurs outils à notre disposition dans le moyen terme. C’est à partir de cette conviction qu’il nous faut oeuvrer en conséquence et utiliser l’éducation à bon escient.

L’école accompagne nos jeunes dans leur processus de maturation. Cet accompagnement doit être actif évitant une vision réductionniste qui considère que l’éducation a pour seuls objectifs l’acquisition de compétences académiques ou professionnelles. Avant tout elle doit former des citoyens critiques, défenseurs des valeurs démocratiques, respectueux des droits de l’homme qui articulent nos sociétés. Dans ce sens-là, je tiens à saluer les efforts réalisés par le secrétariat du Conseil de l’Europe pour la promotion des compétences associés à la citoyenneté démocratique.

Chers collègues, quand un enfant mûrit, il se construit un système de valeurs en fonction de ces interactions avec le monde. Toute information qu’il reçoit est susceptible de l’influencer et nous vivons dans un monde submergé d’informations qui ne peuvent plus être maîtrisées par un entourage familial et social souvent fragilisés. Il faut être aussi conscient que les positions simplistes et manichéennes présentent un plus grand attrait potentiel pour nos jeunes. Au temps de la post vérité, c’est de notre devoir de porter le débat à l’école et de fournir aux élèves un espace sécurisé et organisé où débattre librement des domaines sensibles qui crispent et radicalisent notre société. Je souligne que le débat doit être organisé et supervisé par les professionnels de nos systèmes d’éducation. Aucun sujet ne doit être censuré mais des règles du jeu, basées sur le respect, doivent être clairement établies. Le jeune, centre du processus d’apprentissage, doit lui-même arriver à la conclusion de la modération et du respect des autres à travers ces débats. Ce processus doit aussi lui permettre de développer un esprit critique qui doit l’aider à prendre ces décisions de façon responsable et en connaissance de causes. Je demande au secrétariat d’aider les professionnels de l’éducation de nos pays à développer les meilleures techniques pour profiter au maximum de ces espaces sécurisés de débat.

Chers collègues, je suis convaincu que ces débats seront positifs mais je crois qu’ils doivent être combinés avec un renforcement de l’éducation en valeurs et des soft skills qui sur le moyen terme doivent nous permettre de focaliser sur la prévention de ces situations. Ces éléments doivent être travaillés de façon transversale dans le cursus obligatoire des élèves. Si nécessaire osons réformer nos systèmes éducatifs en mettant l’accent sur ces enjeux, et évitons les politiques politiciennes en cherchant de larges consensus nationaux qui permettront à ces réformes de gagner en longévité et en profondeur. C’est aussi ici que je demande le support du secrétariat du conseil de l’Europe pour indiquer certains axes, comme dans le cadre de l’apprentissage des compétences pour la citoyenneté démocratique, pour bâtir sur ces bases nos politiques nationales.

Finalement, chers collègues il faut être conscients qu’une vraie réforme de l’éducation passe aussi et surtout par une réforme de la formation de nos enseignants. En partenariat avec nos universités construisons de nouveaux parcours pour les enseignants où les axes de leur formation seront alignés avec les nouveaux objectifs d’éducation de nos jeunes. De nouveau ici je sollicite l’intervention du Secrétariat pour aider dans ce processus.

Chers collègues, en résumé je voudrai souligner les potentialités de l’éducation comme outil essentiel de cohésion sociale et je considère qu’il est de notre responsabilité de faire les réformes nécessaires pour en optimiser les bénéfices. À mon avis, pour développer tout le potentiel de ces réformes elles devraient se baser sur les partenariats nationaux et supranationaux dont le Conseil de l’Europe devrait en être un acteur majeur.